dimanche 6 septembre 2020

Spéléo : traversée de la Dent de Crolles

 Traversée Trou du Glaz - Grotte Annette

9h ce matin au col du coq, au pied de la Dent de Crolles en Chartreuse.

Ca fait très longtemps que je ne suis pas venu ici mais plein d'excellents souvenirs me reviennent en mémoire : la traversée nord-sud de la Chartreuse avec Jocelyne, ou encore un bivouac mémorable sur le plateau sommital de la dent avec Martine, Arnaud, Jocelyne et son chien Titus...
Mais aujourd'hui, c'est un rêve de jeunesse qui est sur le point de se réaliser, découvrir en spéléo un peu de l'intérieur de la Dent de Crolles !
Je dis bien un peu car ce sommet emblématique recèle un réseau labyrintique, en trois dimensions, de galeries et de puits sur plus de 60km de développement,  qui relie ses différentes entrées (11 à ce jour, je crois).
L' objectif du jour consiste à traverser la montagne de part en part : entrer à l'ouest par le célèbre Trou du Glaz et ressortir à l'ouest à la grotte Annette. soit 7 puits (environ 140m au total) à descendre, environ 2,5km de galeries, des traversées de puits en main-courante, une petite escalade, des étroitures... bref un beau menu !
Cette traversée, très classique, est aussi, semble-t-il, une des plus belles.
 
  
 
Je retrouve donc Manon au parking, guide spéléo de KalkeO. 
Nous préparons le matériel et gagnons l'entrée du Trou du Glaz par une petite marche d'approche tout en discutant, histoire de faire connaissance. Quelques nuages s'accrochent aux falaises, créant une belle ambiance.
 

A l'entrée du trou, nous rencontrons Cyrille, un autre guide spéléo, qui n'a également qu'un seul client aujourd'hui pour effectuer cette traversée. Tant mieux, il n'y aura pas foule sous terre...
Nous nous équipons pendant qu'ils entrent dans la cavité : on les rejoindra plusieurs fois durant le parcours (dont une fois pour décoincer leur corde...mais chut !), avant de se retrouver à la sortie.
Un peu plus tard, nous pénétrons à notre tour dans les entrailles de la montagne. Je savoure pleinement cet instant: quel plaisir de retrouver ces sensations uniques que l'on ne rencontre que sous terre, qui plus est dans un réseau qui m'a toujours fait rêver !
Il faut toujours avoir des rêves, mais que c'est bon de pouvoir en réaliser un de temps en temps...
 

 
Après un parcours sans difficultés dans une large galerie, nous arrivons aux puits de la Lanterne : un enchainement de 4 puits de 12, 15, 18 et un peu plus loin le dernier de 12m.
Manon équipe le premier rappel. Plusieurs particularités ici : c'est une traversée donc on rappelle les cordes au fur et à mesure, comme en canyon. Après le premier puits, pas de retour en arrière possible donc... Par ailleurs, les mains-courantes sont laissées à demeure (et changées régulièrement...) et les amarrages sont sur broches scellées et chainées.

Je retrouve instantanément les automatismes : longe, descendeur, clé, sous l'oeil bienveillant mais attentif de Manon. Au travers de nos échanges sur mon passé spéléo, et en me voyant descendre ces premiers puits, elle évalue rapidement mon niveau et me laisse évoluer en autonomie, ce qui est bien agréable, tout en gardant un oeil professionnel et attentif. Nickel !
 




Le parcours est magnifique et varié : de grandes galeries, des passages étroits, des puits magnifiques, de grands diamètres. On en contourne plusieurs, qui coupent la galerie, à l'aide de mains-courantes le long de la paroi : le P36, le puits du Lac (50m vers le bas 108m vers le haut), le P60 (superbe). Ces passages offrent de beaux coups d'oeil sur ces verticales !




 
 
Certains endroits sont bien glissants, dont un grand plan incliné après le P36, mais équipé d'une corde fixe bien pratique.
On fait un petit détour dans une galerie latérale pour aller voir le puits Labour, lui aussi magnifique.
De retour dans la galerie principale, il est l'heure de la pause casse-crôute, agrémentée d'un thé chaud : c'est le grand luxe !
Nous descendons ensuite le puits Fernand (25m), suivi d'une grande main-courante sur une jolie vire, puis c'est la diaclase Annette (15m+6m), étroite, que la première exploratrice (Annette) avait commencé à descendre sans équipement...
 


 
Après une nouvelle main-courante pour traverser le puits de la Vire, nous arrivons au puits de la Varappe qu'il faut cette fois remonter sur 6m grâce, comme son nom l'indique, à une petite escalade. Très sympa.
 
 
C'est ensuite une succession de vastes galeries et de passages bas qui nous mène au puits de la Gnôle, belle verticale de 35m. Quel pied de descendre ces beaux puits !
On passe rapidement l'anecdotique puits Pourri de 3m et il reste un assez long cheminement remontant, avec de belles galeries mais aussi quelques bons passages étroits (La Douane, l'escargot) et deux trémies. Ce sont des éboulis plus ou moins (in)stables, dont la deuxième a été consolidée par des poutres métalliques. Excellente idée...

Plus on approche de la sortie, plus la zone est fracturée, ce qui a provoqué de nombreux éboulis.
Notre progression dans cette partie remontante est assez rapide (je transpire d'ailleurs à grosses gouttes) et une petite fatigue commence à se faire sentir aussi je baisse un peu le rythme pour assurer mes pas.  Rien de méchant mais le lever à 5h ce matin et les 2h1/2 de route se font sentir. Et aussi, les années passant, la souplesse à tendance à s'émousser quelque peu ! Je trouve que je consomme un petit peu trop d'énergie dans ces passages étroits... manque d'entrainement ! Manon se faufile comme un chat, mais, toujours attentive, elle n'oublie pas de m'aider à faire passer  le sac dans les passages étroits.

Et puis c'est la sortie, magique, avec cette fenêtre de lumière qui apparait d'un coup et grandit au fur et à mesure que l'on gagne la sortie.
Tiens, on est dans les nuages ! La magnifique vue sur Belledone ne sera pas pour aujourd'hui mais peu importe, l'essentiel est ailleurs. 
Très gros kiff, cette sortie, pour une vrais belle course spéléo, très variée : un pur bonheur. On a bien tourné, mais en profitant et sans "speeder". 
TPST environ 4h30 (Temps Passé Sous Terre).
 
 
J'ai retrouvé avec un grand plaisir cette ambiance si particulière du milieu souterrain, hors du temps, bien loin des préoccupations quotidiennes qui restent à l'extérieur. Que c'était bon !!

J'ai une pensée émue pour les premiers explorateurs de ce fantastique réseau, devant la plaque dédiée à Annette Bouchacourt, fauchée par la barbarie des hommes en 1944. Elle n'aura hélas pas eu l'occasion d'effectuer cette traversée complète, ouverte en 1946, bien qu'elle ait grandement contribuée à l'exploration du réseau. La grotte par laquelle nous sortons porte son nom.
 


Nous ne sommes qu'en début d'après-midi, ce qui nous laisse le temps de redescendre tranquillou aux voitures et pour moi de faire la (longue) route de retour.
Il faut quand même rester attentif (et casqué) sur la première partie du sentier (Pas des Terreaux) car il y a "une marche" sur le côté, mais rien de bien compliqué toutefois et il y a même des mains-courantes pour rejoindre  la descente (raide) du "Pré qui tue".
 
Un grand, grand merci à Manon pour avoir partagé cette belle journée. Si l'envie vous prend, n'hésitez pas à faire appel à ses services (en spéléo ou en canyon), elle est très pro. et très agréable, le matériel est en très bon état... tout bien ! Et en plus, elle fait les photos. Je recommande chaudement...
Manon ROCHE   06.30.99.29.29

Plus d'infos sur cette traversée : infos par le SpéléoSecoursIsère (avec topos) :



1 commentaire:

  1. et bien moi je dis que c'est formidable de pouvoir réaliser ses rêves de temps en temps. Tu as bien fait de faire cette superbe traversée en bonne compagnie. Bravo.

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