samedi 5 mai 2018

Les mystères de Rapa-Nui

Rapa-Nui est une terre de mystères...

Beaucoup de choses ont été dites ou écrites, certaines plus ou moins fantaisistes ou éloignées de la vérité historique. Les archéologues ne sont pas toujours d'accord entre eux, loin de là, mais les dernières avancées ont permis de confirmer, ou au contraire d'infirmer, certaines hypothèses.
Faisons le point sur quelques idées reçues.

L'origine des habitants
Deux hypothèses se sont affrontées :
- une origine Polynésienne, aujourd'hui unanimement admise.
L'île de Pâques forme est une des pointes du triangle (avec la Nouvelle-Zélande et Hawaïï) représentant l'influence de cette culture dans le Pacifique.
Les spécialistes semblent s'accorder sur un peuplement vers les années 1200, même si d'autres envisagent une période plus lointaine.



 - une origine d'Amérique du Sud
Certaines personnes (en particulier Thor Heyerdahl), ont défendu la thèse d'un peuplement Inca, s'appuyant par exemple sur le mur de l'Ahu Vinapu (construit en fait bien après l'effondrement de la civilasation Inca...).
Cette idée n'est plus de mise dans la communauté scientifique aujourd'hui.

L'élaboration et la mise en place des moaïs

Si beaucoup d'éléments nous sont encore inconnus, il semble probable que les moaïs n'étaient que grossièrement taillés dans la carrière de Rano Raraku, afin de pouvoir les transporter avec moins de risques de casse, le tuff dans lequel ils étaient sculptés étant un matériau friable et fragile.
Les détails étaient ensuite finalisés à leur emplacement définitif.
Ils étaient probablement transportés en position allongée, sur des traineaux reposant sur des rondins de bois, et non debout  avec un système de cordage pour les faire progresser par une sorte d'ondulation (théorie des moaïs "qui marchent").
Nous n'évoquerons pas l'hypothèse du déplacement des moaïs par les extra-terrestres...

L'arrêt de la carrière - la chute des moaïs
On a prétendu que l'activité de la carrière s'est arrêtée brutalement, à la suite d'un évènement majeur.
Il semble au contraire qu'elle ait été méticuleusement "fermée" : certains (très) grands moaïs ont été sculptés à même la falaise, visiblement sans intention de les déplacer ensuite (vu leur taille et le lieu) mais plutôt pour empêcher l'utilisation ultérieure d'autres emplacements de la montagne.
Toutes les têtes de moaïs au bas de la pente sont en fait des moaïs complets, reposant sur un socle, qui ont été enterrés volontairement jusqu'à la taille ou au cou, et qui forment une sorte de barrière en arc-de-cercle, comme des gardiens du lieu.



 Ceci s'est probablement produit au moment de l'évolution de la spiritualité des habitants, quand le culte des moaïs (représentants les ancêtres et le respect des personnages ayant influés sur les villages)
a été remplacé par celui voué à Maké-maké, qui aurait alors pris plus d'importance, et la mise en place de la cérémonie de l'homme-oiseau (XVIe-XVIIe siècles).
On a parlé de luttes entre clans (voire de combats) à l'occasion desquelles les moaïs auraient été renversés.
Certains archéologues pensent que les moaïs ont plutôt été mis à terre volontairement et avec une certaine délicatesse, sans quoi ils auraient été beaucoup plus cassés, compte-tenu de leur relative fragilité.
La mise en place de la cérémonie de l'homme-oiseau tendrait à montrer qu'il s'agissait là d'un moyen de désigner un chef, unanimement reconnu et pour une période limitée d'un an, afin précisémment d'éviter les conflits.

La déforestation entrainant une famine ? (théorie de l'effondrement)
Si la déforestation de l'île est indéniable, certains indices laissent à penser que les Rapa-Nui ont réagi à ce phénomène : des traces de plantations de palmiers ou la mise en place de nouvelles techniques agricoles (cultures dans des cercles de pierres (les manavaïs), la pose de pierres sur les champs pour stopper l'érosion et maintenir l'humidité).
Il est assez ironique aujourd'hui d'accuser les Rapa-Nui de ne pas avoir su gérer la ressource en bois quand on voit la manière dont on traite de nos jours notre environnement, en pleine connaissance de cause...

La quasi-disparition de la population
Plutôt que des luttes intestines ayant conduit les habitants à s'entre-tuer, le déclin de la population est plutôt le fait des esclavagistes péruviens, qui sont venus déporter une importante partie de la population en Amérique du Sud.
Beaucoup ont alors été infectés par toutes sortes de maladies, inconnues pour eux jusqu'alors, et pour lesquelles ils n'avaint pas d'anticorps (2ème moitié du XIXe siècle).
La population passa alors de 2500 personnes à 111 en 1877.
Les colonisateurs ainsi que les rares Pascuans rares qui ont pu revenir sur leur île ont alors tranmis ces maladies, réduisant de façon drastique la maigre population restante.

Les tablettes
A ce jour, le mystère des textes retrouvés sur les rares tablettes de bois préservées reste entier, les signes constituant l'écriture n'ayant pu être déchiffrés.



En conclusion...
Le peuple Rapa-Nui, accusé par le passé d'être à l'origine de bien des maux, a pourtant réussi à survivre à toutes ces épreuves, et en particulier à la maltraitance du monde soi-disant civilisé, en s'adaptant au fur et à mesure.

Un très bon documentaire de 2017, diffusé sur la 5, illustre ce propos : "Ile de Pâques, l'heure des vérités".

1 commentaire:

  1. Cette émission était pas mal en effet. Elle a remis le rapa-nui au milieu du village et de mettre fin à des idées reçues. Votre façon d'aborder ce séjour complète très bien cette remise en valeur.

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